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Coup de coeur BD : Harding was here. 1.

mercredi 2 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée.
Public : collège, lycée, LP.

Midam, Adam. Harding was here. 1. Quadrants, 2008. 1 vol. (47 p.). Azimut. 9,90 €. 978-2-30200-221-0.

Thomas Harding, richissime oisif, a inventé une machine à remonter le temps. Rien de très original, et les classiques paradoxes temporels sont au rendez-vous. La particularité de cette histoire-là, outre son humour, tient dans les motivations d’Harding. Puisque les tableaux de maîtres se vendent des fortunes, il suffit d’aller dans le passé chercher une toile pour devenir riche dans le présent ! D’autant plus facilement quand on prend la peine de se poser à une période où l’artiste choisi est encore obscur.

La première expérience est mitigée, mais suffisamment rentable tout de même pour pousser Harding à continuer. Un certain doigté et quelques précautions sont nécessaires : arrivant trop tard dans la carrière de Van Gogh, notre héros pousse sans le vouloir le docteur Gachet à prendre toute la place, effaçant le peintre de la postérité. Au cours d’un second voyage, arrivé trop tôt dans la vie de Van Gogh, il le détourne malgré lui de sa vocation : l’Histoire retiendra le nom de Frère Vincent, le fondateur de l’Association « Le plus pauvre des pauvres ». Persévérant, Harding réussit à la troisième tentative : il ramène une petite toile qui lui rapporte un peu d’argent, tout en ne modifiant pas le cours de l’Histoire. Tout l’enjeu est là en effet : comment s’introduire dans le passé sans infléchir la postérité des peintres choisis, cette postérité conditionnant la plus-value de l’opération ?

La cible suivante d’Harding est Rembrandt (« ça rime avec argent ! ») Mais cette fois-ci, les principes de notre héros l’emportent sur sa cupidité, et il revient les mains vides après avoir évité le pire. Il décide alors de poursuivre un autre but : choisir un artiste méconnu et allonger sa biographie dans l’encyclopédie en le faisant progresser. Ce sera le cas avec Lorenzo Lotto. Cette dernière expérience conduit Harding à un nouveau rêve : apparaître dans l’Histoire, avoir son portrait réalisé par un maître de la peinture. Il choisit de visiter Jan Van Eyck, l’inventeur du portrait. Mais une nouvelle fois, le voyage réserve bien des surprises.

Les auteurs de Kid Paddle et Game Over se lancent ici dans un projet tout à fait différent, aux multiples facettes. Le comique le plus débridé, mâtiné de calembours et de références actuelles (une apparition surréaliste de Marilyn Manson ou des citations à forte teneur culturelle - « Que savez-vous de la peinture à l’huile ? Rien, j’imagine. » « . Euh, que c’est difficile mais bien plus beau que la peinture à l’eau ») y côtoie les références les plus sérieuses à l’histoire de l’art. Chaque tableau faisant l’objet d’un voyage est reproduit à la fin de l’aventure. Ce mélange harmonieux d’aventure, de références culturelles et de second (voire troisième) degré donne une BD tout à fait originale et vraiment savoureuse. Elle peut se lire dès le collège et être appréciée au LP, au lycée et bien au-delà.

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

janvier 2010