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Le collège Philippe Cousteau en tant que Centre de Connaissances et de Culture

jeudi 21 novembre 2013, par Agnes Prevelle

Comment la réflexion sur le 3C s’est mise en place et ce qui en a résulté. Par Ambre Sevic, professeur-documentaliste et Jessica Canu, CPE au collège Philippe Cousteau de Brienon-sur-Armançon, Yonne.

Suite à diverses formations et documents reçus au sein du collège de Brienon-sur-Armançon (Yonne), la CPE ainsi que la professeure documentaliste ont jugé intéressant de faire une expérimentation concernant la mise en place du Centre de connaissances et de culture (3C). Ce système de fonctionnement n’est certes pas obligatoire mais leur est apparu comme intéressant pour donner ou redonner du sens au temps hors classe des élèves. Voici comment leur réflexion a été mise en place et ce qu’il en a résulté.

Par Ambre Sevic, professeur-documentaliste et Jessica Canu, CPE au collège Philippe Cousteau (Brienon-sur-Armançon, 89).
asevic@ac-dijon.fr

Le document intitulé « Vers des centres de connaissance et de culture » créé par la DGESCO avait déjà attiré notre regard à toutes les deux et nous avons donc décidé de mener une réflexion quant à ce projet. La journée départementale des CPE avait également ce sujet pour thème et, nous y rendant conjointement, nous a permis d’apporter à chacune notre point de vue personnel et professionnel sur la question. Cette réflexion a été menée tout au long de l’année passée pour une mise en place effective à la rentrée 2013-2014. L’idée de continuum de formation des élèves en dehors des heures de discipline était notre ligne directrice, le but étant que chacun ait une activité précise durant les heures hors classe de leur emploi du temps et aussi qu’il y ait un rapprochement vie scolaire / CDI pour une prise en charge à la croisée du pédagogique et de l’éducatif.
Notre réflexion nous a portées sur diverses questions : quelles sont les lieux que l’on peut mettre à disposition des élèves ? Sur quels moments ? Quel personnel ? Et pour quelles activités ?

Où ? Les lieux et quoi ? Les activités

Sont à notre disposition le CDI, une salle d’étude ou salle de travail, ainsi qu’une salle informatique, comptant 14 ordinateurs et des tables façon salle de classe au centre.
L’idée était donc de répartir les élèves dans ces 3 endroits en fonction de l’activité qu’ils choisissaient de mener sur l’heure : le CDI pour l’utilisation de 5 postes informatiques pour le travail ou la validation d’items de B2i, la lecture ou le travail sur documents ; la salle informatique pour les ressources numériques choisies par les enseignants ; la salle d’étude pour le travail en petits groupes ou seuls, avec l’aide d’un assistant d’éducation.

Quand ? Les moments

Le problème actuel réside encore sur cette question puisque nous essayons de mettre à disposition ces endroits à chaque heure. Seulement une seule salle informatique est présente dans l’établissement. Et lorsque celle-ci est utilisée par les enseignants, il ne reste alors que le CDI et la salle de travail. Mais il ne faut pas oublier qu’entre ces deux derniers endroits, 7 postes informatiques sont à dénombrer, ce qui n’est pas rien.

Le coin lecture
Photo Ambre Sevic

Le fait que ces endroits doivent être à disposition des élèves à chaque heure signifie que même si en tant que professeure documentaliste je ne peux être présente au CDI (car je suis en formation, réunion ou séance pédagogique), ce dernier peut quand même être ouvert sans ma présence. Une formation rapide a donc été faite avec les assistants pédagogiques quant à l’utilisation de ce lieu de ressources et ceux-ci peuvent désormais apporter leur aide et leurs conseils aux élèves sans que je sois forcément présente.

Qui ? Le personnel

Tous les personnels de l’établissement sont concernés par ce centre de connaissances et de culture. Pour la mise en place concrète, professeure documentaliste, assistants d’éducation et assistants pédagogiques sont mis à contribution, veillée également par la conseillère principale d’éducation. Le professeur documentaliste gère le CDI, et les assistants d’éducation et pédagogiques se partagent les salles restantes et échangent en fonction des heures et des besoins. Ce n’est pas toujours la même personne qui va gérer la salle informatique, aider aux problèmes techniques et à l’utilisation des ressources, et ce n’est pas toujours la même non plus qui apportera son aide et ses savoirs aux élèves en salle de travail.
Pour les enseignants ils ont participé à la liste récapitulant les ressources numériques qui peuvent être exploitées par les élèves, quand ils sont au collège, mais aussi quand ils sont chez eux. Puisqu’après leur conseil d’enseignement (tous ont travaillé par matière), un tableau m’a été rendu en précisant les ressources intéressantes que je n’avais plus qu’à intégrer dans E-Sidoc.
Dans ce contexte, tout le monde est actif, et non passif.
L’utilisation du numérique est plus qu’un effet de mode ou de modernisme, il est de plus en plus intégré à l’enseignement et permet de travailler l’autonomie des élèves. Celui-ci fait désormais partie du quotidien des élèves actuels.

Comment ?

Concrètement, il fallait que les élèves comprennent que la notion de CDI ou salle d’étude n’existe plus, mais qu’on allait parler désormais d’activité, et qu’en fonction de leur choix, ils seraient orientés dans la bonne salle.
Tout commence donc au moment de l’interclasse ou des récréations lorsque les assistantes d’éducation demandent aux élèves qui veut faire quoi. La première question à poser concerne les ordinateurs puis la lecture, le travail sur documents puis le travail individuel ou en groupes.
Un règlement commun a été établi pour l’ensemble de l’utilisation de ces salles conjointement entre assistantes d’éducation, conseiller principal d’orientation et professeur documentaliste.

Coin informatique
Photo Ambre Sevic

A noter qu’en salle informatique, un classeur a été mis en place servant de liaison entre tous les intervenants : en première page, une fiche résumant le fonctionnement d’E-Sidoc, puis une fiche de travail par élève (chacun doit la remplir en fin d’heure pour expliquer ce qu’il a fait : regarder des vidéos, faire des recherches, des jeux éducatifs…). Cela permettra de faire des statistiques, sur ce qu’ils utilisent le plus et également de les orienter sur d’autres activités quand ils font trop souvent la même.
Enfin, en salle de travail, une étagère a été mise en place avec dictionnaires (langue française, langues étrangères) et un manuel scolaire de chaque matière sur chaque niveau. Cela permet d’éviter les allers retours inutiles jusqu’au CDI pour emprunter un manuel (ce qui était souvent fait les années passées, et connaissait quelques déviances de la part des élèves). Avec ses deux ordinateurs, cette salle permet désormais aux élèves de travailler en autonomie ou avec un assistant d’éducation pour les aider dans les exercices qu’ils ont du mal à assimiler. Les postes informatiques leur permettent de naviguer sur Liberscol pour consulter leurs devoirs ou d’exploiter les ressources numériques mises à disposition sur E-Sidoc par les enseignants.

Pourquoi ? Les raisons de cette mise en place et diagnostic initial

Pour mettre ce centre de connaissances et de culture en place, nous avons déjà dû procéder à un état des lieux pour voir ce qui fonctionnait ou ne fonctionnait pas.
Les jeux éducatifs ou « serious games » étaient déjà mis en place au collège. Les élèves avaient donc déjà l’habitude de se rendre sur certains sites internet. Mais étant triés par matière sur E-Sidoc, certaines rubriques étaient vides. C’est pourquoi les enseignants ont été associés à cette tâche.
Les lieux quant à eux n’étaient pas forcément bien exploités. Certains élèves venaient au CDI pour ne rien faire ou parce qu’ils n’aimaient pas la salle d’étude qui ne leur offrait pas beaucoup de possibilités. Et les allers retours étaient devenues une habitude pour voir tel camarade ou simplement une excuse pour se promener dans les couloirs. Le 3C nous a donc permis de régler certains problèmes de fonctionnement par la même occasion.

Un CDI mieux exploité
Photo Ambre Sevic

Une fonction a donc été réattribuée à chacun des lieux, offrant même un nouvel espace, celui de la salle informatique. Les élèves comme les personnels s’y retrouvent, même si un certain temps d’adaptation est nécessaire au vu du changement des habitudes, mais cette expérimentation reste positive. Les élèves comprennent qu’en fonction de l’activité que l’on veut faire, il faut aller dans un endroit adapté à ses besoins.
D’autres perspectives s’offrent encore à nous et d’autres phases de réflexion viendront : comment ne pas retomber dans les travers du départ ? Comment rendre ce système encore plus attractif pour les élèves (visionnage d’un film sur une heure entière, tablettes numériques, …).

L’élève au centre du 3C

Concernant la mise en place de ce système, un temps d’adaptation a été nécessaire pour les élèves. Le changement leur a certes été expliqué en début d’année, la CPE et moi-même nous rendant à chaque interclasse sous le hall pour leur présenter le nouveau fonctionnement, mais il leur fallait comprendre que désormais, leurs intérêts et leurs préférences prenaient le pas. Il n’ s’agissait plus pour eux de choisir juste une salle, mais de choisir une occupation, pour se faire plaisir (lecture, jeux sur les ordinateurs, …) et être serein avant de retourner en classe, ou de travailler sur un point en particulier, avec ses camarades ou le personnel (assistantes d’éducation, pédagogiques).