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Coup de coeur BD : Petite mort en un acte

vendredi 4 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée.
Public : collège, lycée, LP.

Convard, Didier, Adam, Eric, Paul. Petite mort en un acte. Glénat, 2009. 1 vol. (54 p.). 13,00 €. 978-2-7234-6181-8.

Quel ennui que d’être riche ! Et surtout, de le rester. En ce mois d’août 1937, la famille Buckenham se prépare, du fond de son manoir dans la campagne anglaise, à affronter maints tracas inopinés. Tout commence pourtant paisiblement, autour d’une tasse de thé matinale, à peine troublée par les nouvelles de l’extérieur (en particulier l’outrecuidance de ce petit homme si vulgaire qui menace d’envahir la Pologne.) C’est alors qu’entrent en scène les éléments perturbateurs : en particulier une lettre du notaire informant la famille qu’elle est ruinée suite à quelques placements hasardeux. Il va falloir vendre l’hôtel particulier de Londres, le chalet de Megève, la villa du Touquet, et même le manoir ! Il va falloir que le fils de la maison cherche du travail (quelle horreur ! Il se récrie d’ailleurs en citant Karl Marx : « le domaine de la liberté commence là où cesse le travail ! ») Il va falloir que la fille fasse très vite un beau mariage. Ça ne sera du reste pas difficile : il suffit que le promis soit assez brun, pas trop petit, les cheveux courts, les yeux verts, qu’il apprécie la campagne anglaise en automne, s’habille de tweed, aime les chats (particulièrement les Burmese Tiffany), la peinture, notamment Laura Theresa Alma-Tadema (le « Jeu de raquettes et de volants » de 1890), les romans de Somerset Maugham, l’air des gondoliers de Gilbert et Sullivan. Qu’il joue au golf avec un handicap de 11,5, et qu’il aime les histoires de fantômes.

Comble d’infortune, l’oncle Homère annonce sa visite pour le jour même : le milliardaire d’Australie a une nouvelle de la première importance à leur communiquer. Or, il se trouve que Lady Buckenham est pour le moment l’unique héritière de l’oncle, qui se disposerait à épouser Lady Fiona, croqueuse d’hommes notoire. La solution est toute trouvée pour échapper à la ruine, et chacun va s’appliquer à régler le problème en la personne de l’oncle Homère. Avant de trouver dans sa pochette un acte de donation en faveur de sa chère famille ; qui ne saurait être valable avant signature devant notaire. Cependant, tout cela doit passer inaperçu, car une réunion ultra-secrète se tient au manoir des Buckenham : le roi d’Angleterre et le vice-président des Etats-Unis se retrouvent pour faire passer aux Etats-Unis le professeur Boergenstein, savant juif allemand menacé qui travaille sur la bombe atomique. La nuit promet d’être longue, entre les hôtes qui tâchent vainement d’éliminer le cadavre qu’ils ont sur les bras, le vice-président Truman qui rôde dans les couloirs à la recherche de Bourbon, le sergent amoureux (cheveux courts, yeux verts, handicap 11,5 au golf, amateur des toiles de Laura Theresa Alma-Tadema, etc.) qui rêve d’élucider un meurtre pour monter en grade et pouvoir prétendre à la main de Mary Buckenham.

Tout sera pourtant bien qui finit bien, sans que jamais le flegme britannique ne soit pris en défaut. L’intérêt principal de cette pièce en un acte est son parfum délicieusement absurde, qui émaille le récit de moult références en clins d’oeils délirants. Rien n’est grave puisque tout est drôle dans ce polar à prendre au moins au second degré. Le dessin coloré traité en à-plats contrastés participe à l’ambiance désinvolte de cette histoire d’héritage, à conseiller aux amateurs de fantaisie et d’humour anglais dès le collège, au LP et au lycée.

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

Mars 2010