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Coup de coeur BD : L’enfant maudit.1, Les tondues

mercredi 2 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée.
Public : classe de 3e, lycée, LP.

Galandon, Laurent, Monin, Arno, Bossard, Florent. L’enfant maudit. 1, Les tondues. Bamboo, 2009. 1 vol. (48 p.-[8] de pl.). Grand angle. 12,90 €. 978-2-35078-607-0.

Galandon, Laurent, Monin, Arno. L’enfant maudit. 2, La marque O. Bamboo, 2012. 1 vol. (48 p.) Grand angle. 13,90 €. 978-2-81890-715-3. (Ajout de la rédaction)

Gabriel Clairemont n’était pas un garçon qui se pose des questions, jusqu’à ce jour de mai 1968 où, emporté par la manifestation étudiante, il rencontre en garde à vue un policier particulièrement vindicatif qui le traite de « fils de boche ». C’est vrai que Gabriel n’a jamais connu ses parents, abandonné en 1945 au couvent de Gaudreville la Forêt et adopté par un couple qui a perdu son fils unique à la guerre. Les Clairemont n’étaient pas bavards, et ils ont toujours découragé les questions de Gabriel. A leur mort, il s’est retrouvé livré à lui-même, car ils avaient légué tout leur patrimoine à une association d’anciens combattants. Il est monté à Paris, est devenu un ouvrier sans histoires, ne conservant de son passé que l’amitié de Camille, qui a égayé son enfance.

La hargne du policier et la sollicitude d’un proche collègue ont raison de son inertie et le poussent à remonter dans son passé, à la recherche de ses parents. Au couvent où on l’a déposé, ne reste qu’une sœur centenaire qui perd un peu la mémoire. Un nom émerge toutefois, celui d’une prostituée qui aurait connu la mère de Gabriel. Effectivement, Suzette Boncoeur se souvient de Madeleine Robin : c’était son amie. Avec deux autres femmes du village, elles furent tondues à la Libération pour avoir fréquenté l’ennemi. Madeleine était amoureuse de son gentil soldat allemand, Hans-Peter Krüger. Il était timide et sentimental, d’ailleurs Suzette ne se souvient pas de les avoir même vus s’embrasser. Pourtant, quelques mois plus tard, Madeleine reprenait contact : trop affaiblie, elle demandait à Suzette d’amener le bébé dont elle venait d’accoucher au couvent de Gaudreville la Forêt. Avant de disparaître dans la nature.

De nombreuses questions restent en suspens après ce premier tome. On ne sait pas qui est le père de Gabriel, ni si sa mère est toujours vivante, ne si le policier qui l’a traité de bâtard est vraiment son oncle. Le voyage dans le passé constitue la matière de cette histoire qui empile les strates de couleurs différentes, comme autant de couches sédimentaires : « l’aujourd’hui » (mai 68), l’hier (les années 50-60) et l’avant-hier (1945), camaïeu sépia - noir et blanc. Ce voyage n’est pas terminé, on soupçonne encore de nombreux secrets dans l’histoire de Gabriel et derrière son regard impénétrable. Les auteurs de l’Envolée sauvage signent ici un beau livre sur la mémoire, d’une grande délicatesse tant dans l’intrigue et le trait que dans la mise en couleurs. A recommander dès la 3e, au lycée et au LP.


Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

janvier 2010