Zidrou, et al. La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien. Dupuis, 2009. 1 vol. (125 p.). 18,00 €. 978-2-8001-4357-6.

Zidrou, créateur de « L’élève Ducobu » (grand succès en CDI de collège.) et de « Tamara », a rêvé de ces quinze nouvelles qui font du bien. Il a rencontré une petite dizaine de dessinateurs tentés par l’aventure, qui ont permis à cet album d’exister. Les histoires se répondent et parfois se complètent pour former un kaléidoscope aux couleurs pastels mais toniques. La mélancolie s’attarde parfois parce que ces nouvelles n’édulcorent pas les cahots que rencontre nécessairement toute vie humaine. Mais il y a toujours, dans un coin, un sourire caché. Et parfois, l’incursion de l’imaginaire. Comme dans « La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis », qui conte le quotidien d’une menue petite dame très vieille, qui a organisé sa vie avec ses compagnons (un chien plus tout jeune, une chatte à trois pattes et un perroquet bigot) pour n’avoir jamais à sortir de chez elle. Quand elle trépasse, les animaux qui, malgré leur peine, ne perdent pas le sens pratique, imaginent un stratagème pour que personne ne s’en aperçoive, de peur d’être conduits par la fourrière à une mort certaine. Les autres nouvelles, plus réalistes, dégagent la même tendresse. Ainsi ce jeune jazzman, hébergé par un grand-père mélomane à sa sortie de prison. Ou ce monsieur Abdelaziz dont le canari chante à longueur de journée pour son maître, ignorant qu’il est sourd. Quelques nouvelles vibrent d’une douce euphorie, comme ces « intimités », tranches de vies un peu crues (à lire peut-être avant de choisir de mettre le livre en rayon). D’autres sont carrément optimistes, comme cette histoire de la déveine d’une famille d’immigrés italiens aux États-Unis (mais si mais si !) D’autres enfin sont plus franchement tristes, comme « Le view-master », dans laquelle toute une famille s’organise pour laisser croire à la vieille maman malade qu’elle est bien revenue quarante ans en arrière. Mais là encore, le sourire affleure, quand par exemple Daniel, le fils, chef d’entreprise, conduit son chauffeur qui n’a pas le permis.

L’homogénéité du recueil est assurée par le scénariste, par le traitement réaliste du dessin ainsi que par une tonalité douce des mises en couleur. On a un peu l’impression de feuilleter un album de famille, ce qui était peut-être bien l’effet recherché. Il se dégage de ces histoires une vraie tendresse sans mièvrerie, qui n’élude pas les douleurs que recèle toute vie humaine. Cet album n’usurpe pas son sous-titre : n’hésitez pas à vous faire du bien et à en faire autour de vous. Peut-être pas en collège, la crudité de certaines planches le réservant à des lecteurs plus mûrs, mais en lycée et au LP, cette crudité ne recelant aucune vulgarité.

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

février 2010