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Coup de coeur BD : Les enfants sauvés : huit histoires de survie

jeudi 3 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée.
Public : collège, lycée, LP.

Thirault, Philippe, et al. Les enfants sauvés : huit histoires de survie. Delcourt, 2008. 1 vol. (62 p.). 15,00 €. 978-2-7560-1576-7.

Yad Layeled est une association qui a pour but l’enseignement de la Shoah en milieu scolaire, par le biais de mallettes pédagogiques, d’expositions, de séminaires. Elle a impulsé l’édition de ce recueil d’histoires d’enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre mondiale. Philippe Thirault a écrit l’adaptation de chacun des huit récits, mis en images par huit dessinateurs différents. Simone Veil et Tomi Ungerer apportent leur caution au projet en signant un avant-propos et une préface.

Chacune de ces histoires est introduite par une présentation de l’enfant accompagné d’une photo de l’époque. Situées dans des lieux différents (Pays-Bas, France, Lituanie, Pologne, Macédoine), toutes ces histoires se ressemblent : elles disent l’abandon, l’incompréhension, la peur, les fausses identités, et finalement la survie, puisque chacun des enfants a traversé la guerre et en est sorti. Selon le dessin et selon l’histoire racontée, les récits sont plus ou moins sombres, chaque enfant ayant vécu ce qui lui arrivait d’une manière toute personnelle. Certains impriment la mémoire plus que les autres. Ainsi celui de Fredzia, qui à l’âge de cinq ans a passé deux mois avec ses parents et ses grands-parents dans une cachette trop exiguë pour pouvoir se tenir debout, avant d’être déplacée avec ses parents dans une autre cachette, de perdre son père et d’être arrêtée avec sa mère. Pour la protéger, cette dernière lui fait promettre de dire qu’elle ne la connaît pas. Fredzia, recueillie par l’occupant, traverse la guerre en épiant, chaque fois qu’elle le peut, la prison où est retenue sa mère, jusqu’au jour où elle assiste impuissante à son exécution. Le traitement monochrome de l’illustration, toute en violets, ajoute à la pesanteur de l’histoire et fait forte impression. L’histoire de Sylvain est elle aussi marquante. Petit garçon, il arborait son étoile jaune dans la cour de l’école comme une étoile de shérif. Un jour différent des autres, le petit Perfetti le provoqua jusqu’à ce qu’ils se battent comme des chiffonniers, lui arrachant le morceau de tissu tant convoité. L’étoile était irréparable en une soirée, et Sylvain dut retourner en cours sans elle le lendemain. A l’école, on fit aligner ce jour-là tous les enfants dans la cour. Ceux qui portaient l’étoile jaune furent emmenés par la Gestapo. Pour cette histoire-là, un dessin plus alerte rend bien l’insouciance de l’enfance qui est le ressort de l’intrigue.

Ces huit histoires dessinées pèsent leur poids de témoignage. Elles se ressemblent par bien des aspects (enfants cachés, parents disparus qui réapparaissent, ou pas, à la fin de la guerre.), mais le choix de faire appel à des dessinateurs différents permet de rendre visible l’effet de mosaïque propre à la diversité des parcours. C’est un album conçu pour servir à l’enseignement de la Shoah, qui s’adresse aux enfants à travers l’histoire d’enfants, et qui remplit bien les objectifs qu’il se donne. Un dossier d’accompagnement éclaire la situation des enfants dans la Shoah à travers différents pays d’Europe, il donne des précisions de vocabulaire et les coordonnées d’organismes concernés par le sujet. Plutôt intéressant, en collège, au LP et au lycée.

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

février 2010