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Coup de coeur BD : La Métamorphose, de Franz Kafka

samedi 5 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée.
Public : classe de 3e, lycée, LP.

Corbeyran, Horne. La Métamorphose, de Franz Kafka. Delcourt, 2009. 1 vol. (non paginé [44] p.). Ex-Libris. 9,95 €. 978-2-7560-1330-5.

La collection Ex-Libris, chez Delcourt, poursuit son travail d’adaptation d’œuvres du patrimoine littéraire. Généralement soignés, les albums sont complétés en quatrième de couverture par une notice bio et bibliographique sur l’auteur ainsi que par une présentation de l’œuvre accompagnée de commentaires souvent éclairants.

La couverture particulièrement réussie donne le ton de cet album très sombre. L’histoire, peut-être la plus connue parmi les œuvres de Kafka avec Le Procès, raconte la transformation soudaine de Gregor Samsa, employé modèle et obscur, en un énorme cafard. L’infortuné veut se lever pour se rendre au travail, car il subvient aux besoins de ses vieux parents et d’une sœur fragile, qu’il faut bien entretenir le vaste appartement malcommode et payer les employées de la maison, et qu’enfin il est tout-à-fait préférable de rester dans les bonnes grâces du patron. Mais avec cette carapace rigide et de toutes petites pattes, impossible de se redresser... Petit à petit, pourtant, Gregor apprivoise sa nouvelle apparence et apprend à en tirer profit : grimper aux murs, s’accrocher au plafond, faire confiance aux informations transmises par ses antennes. Autour de lui, la famille s’organise pour faire face à la catastrophe et pour reléguer le monstre de plus en plus loin de la vie familiale... Gregor observe, entend et comprend tout avec sa sensibilité d’avant, tandis que les siens, persuadés qu’il a disparu au moment même où la métamorphose a eu lieu, s’éloignent inexorablement.

L’univers de Kafka, avec toute la noirceur de l’inéluctable, est bien rendu ici. Gregor Samsa subit de bout en bout, à certains moments littéralement balloté par les événements quand les cases se mettent à valser, l’emprisonnant étroitement entre les quatre murs de sa chambre comme entre les quatre côtés de la vignette. L’aspect hideux de la bête est marqué, dans les scènes de repas comme à travers les traces qu’elle laisse sur les murs quand elle se déplace. Les rares scènes d’extérieur montrent une ville (Prague) indifférente, tandis que l’intérieur, oppressant, est marqué par les portes qui, même ouvertes, enferment.

Le malaise ressenti à la lecture de la nouvelle est le même que celui qui transparaît ici, même si les images mentales sont différentes de celles que déroule l’album. L’adaptation est réussie et l’œuvre atteint son but. Cette bande dessinée est à proposer aux collégiens à partir de la 3e (et à leurs professeurs de français), ainsi qu’aux lycéens (LP et lycée).

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

avril 2010