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Coup de coeur BD : Blast. 1, Grasse carcasse

lundi 7 octobre 2013, par Odile Cognard

Bande dessinée (Policier).
Public : Lycée, LP.

Larcenet, Manu. Blast. 1, Grasse carcasse. Dargaud, 2009. 1 vol. (204 p.). 22,00 €. 978-2205-06397-4.

Note de la rédaction
D’autres titres de la série sont parus.
Blast. 2, L’apocalypse selon Saint Jacky. 2011
Blast. 3, La tête la première. 2012

Le blast, c’est l’effet que produit le choc d’une explosion, qui propage une onde de surpression capable, le temps d’une fraction de seconde, de vous détruire de l’intérieur par la différence avec la pression atmosphérique. C’est ce qui atteint périodiquement Polza Mancini, 38 ans, sans domicile et obèse. Dans certains moments de désespoir, le blast (selon lui), le plonge dans un état d’apesanteur hallucinogène. Et alors, à chaque fois, se présente une vision des Moaï, ces statues géantes de l’île de Pâques. Pour l’heure, Polza Mancini est en garde à vue. Une femme est à l’hôpital, entre la vie et la mort. Il semblerait qu’il y soit pour quelque chose, aussi deux enquêteurs lui font raconter sa vie. Une enfance sur les routes, à suivre le père parce que la mère était partie. Un mariage raté avec une femme trop compréhensive. Puis la mort de son père, qui fait définitivement sortir sa vie de ses rails en lui offrant son premier blast. Il quitte tout et s’enfonce dans la forêt avec des barres de céréales et quelques bouteilles d’alcools forts. Il y rencontre une communauté de marginaux, la « République mange-misère », qui passe l’été dans la forêt, travaillant à droite et à gauche au gré des besoins. Mais lui préfère la vie en solitaire, jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par son corps qui l’envoie à l’hôpital pour cause d’insuffisance hépatique. Et de là, à l’hôpital psychiatrique pour déficit de sociabilité. Perdu dans ses délires, il explique longuement aux policiers sa quête de sens et son point de vue sur la vie, omettant quelques faits qui figurent dans son dossier. La mort de son frère dans un accident de voiture alors que c’était lui qui était au volant, par exemple. Qui est vraiment Polza Mancini, et ce qu’il a fait, on ne le saura pas avec ce premier volume, il faut pour ça attendre la suite. Pour l’heure, il faudra se satisfaire de quelques pistes et de certaines connexions bizarres. Car c’est ainsi que sont les histoires des hommes, « tordues, complexes (.) rien n’est entier, sans nuance ». Et surtout, « il n’a pas de trace de morale, d’éthique ou même de justice », car Polza ne se conforme qu’à la nature, « et la justice n’existe pas, dans la nature ».

Il faut alors se contenter de suivre son errance, en regardant avec ses yeux la profondeur de la nuit en forêt, pleine de cette vie grouillante et rampante propre à effrayer le citadin et qui rassure Polza par son immuable mouvement. Souvent tenu à distance par son discours mal aimable, on se demande où tout cela mènera. Manu Larcenet explore ici une voie plus sombre qu’à l’habitude, même si on retrouve son goût de l’absurde et des questionnements existentiels. Les planches de nuit sont subtilement travaillées et très belles, et il crée avec Polza Mancini un personnage magnifiquement repoussant. Ce polar en noir et blanc aux multiples nuances est à proposer aux lycéens (LP et lycée) et, pourquoi pas, à mettre entre les mains des professeurs d’arts plastiques.

Coup de coeur de Caroline Vernay, professeure documentaliste au collège de Brienon-sur Armançon jusqu’en 2010, C. Vernay exerce au collège Saint-Exupéry de Saint-Jean-de-Braye (45).

Juin 2010